Tomber sept fois, se relever huit

Mes amis de rue

Ce matin, je me mise a repenser a ma vie d’avant. Mes amis d’avant.
A la fac, j’avais beaucoup de potes, en cours on rigolait, aux soirees on s' eclatait. Des gens extraordinaires, avec des souvenirs pleins les yeux. Mais depuis que je ne suis plus a la fac, je n’ai jamais eu de nouvelles, j’en ai demandé, et je n’ai jamais eu de reponses. Nos chemins d’amitiés se sont separés.

Au final, mes meilleurs souvenirs humains se trouvent dans la rue. Quand j’etais bourré, que je croisais un mendiant, je ne lui donnait pas d’argent, je partageais ma biere. On parlait, de tout et de rien, de la société qui nous a detruit tous les deux, de nos experiences. Puis, la soirée passe, on mange ensemble le soir. Puis la nuit arrive, et quand je n’avais plus de train pour rentrer, il m’a partagé son carton. C’est une experience magique qui reste encore tres forte en moi.

Je me rappelle de Gerard, un homme qui a passé sa vie a mendier dans la rue. On a passé une soiree superbe ensemble. A un moment, on marchait pour se trouver de quoi aller manger pas trop cher, et on croise un carton par terre. Illumination dans ses yeux, il etait tellement heureux de trouver un carton sec, on l’a ramassé et on l’a ramené a son couchage. Il etait si heureux. C’etait beau. Et quand j’etais en galère, ils n’hesitaient pas a me proposer un bout de carton, sans intentions.
Et je compare a des soirees avec des potes de la fac, où je me suis retrouvé en galere, sans trains pour rentrer chez moi, je les telephone pour savoir si je peux dormir chez eux pour la nuit, mais non, pas de place. J’ai passé des nuits a errer dans les rues, attendre le petit matin car je ne pouvais pas rester chez mes potes. Et a coté, ces humains qui n’ont rien, et qui me partagent leur carton.

Finalement, les humains les plus riches sont ceux qui n’ont rien. De beaux souvenirs qui reviennent en tete. Mais pas de mes amis de la fac. J’ai cassé tous les prejugés qu’il m’ai été donné d’entendre. J’ai plusieurs fois laissé mes affaires a un clochard, pour aller pisser ou acheter de la biere, jamais on ne m’a volé, jamais on ne m’a manqué de respect. Et je peux meme le dire, ceux qui m’ont manqué de respect sont bien ceux qui vivaient dans des maisons, qui ont tout.
Avec ces gens, il y a tout l’amour qu’un humain puisse donner a son prochain, je n’ai jamais vu ça avec quelqu’un d’autre.
Meme mon ex, quand je sortais avec, un soir, je n’avais plus de train, il m’a laissé dormir au pied d’une eglise et est rentré chez lui. Jamais un de mes potes clochards ne m’auraient laissé ici, seule.

Je ne vais plus a paris, je ne les vois plus, mais ils ont mon numero, et j’attends leurs appels. Je pense a eux plus qu’a mes amis de la fac.

C’est quand on a rien, qu’on connait tout. Ces gens etaient beaux. Un respect et une tolerance qui n’egale personne d’autre.

Une pensee a eux !