Tomber sept fois, se relever huit

Ce qui me hante depuis 4 ans

Je ne sais pas pourquoi je me suis levée aussi tot… depuis 6h je suis reveillée et j’ai peur de faire le meme rêve. Alors j’y pense, j’y pense, et du coup je suis sure de refaire le meme rêve.
Celui ou celle qui me connait sait que j’ai peur de la mort. Pas pour ce qu’il y a apres la vie.
Je suis persuadée qu’apres la vie sur Terre, on rejoint une autre vie dans un "paradis blanc" où nous devenons des êtres independants de notre corps, sans eprouver la necessité de manger, boire, ou se deplacer.
L’âme quitte le corps et est libéré. Plusieur NDE temoignent de cette immense sensation de bonheur, imperceptible sur Terre et quand ils se voient rentrer dans leur corps, une sensation d’être écrasé.

Je suis persuadée que la mort du cerveau (on va pas se le cacher, la mort au final n’est qu’une mort cérébrale) est une chose magnifique et apaisante.

Mais j’ai peur de perdre tous les gens que j’aime. Ne plus avoir de leur nouvelle, ne plus passer de moments a leur coté, ne plus les voir sourrire. Voila pourquoi ma mort m’affecterais autant que la leur, cette rupture, cette incapacité a dialoguer. On te dit stop, et tu te retrouve totalement impuissant. J’aimerais être independante de ces sentiments qui m’attachent aux gens, pas des sentiments d’amour ou d’amitié mais de respect. J’admire tout ceux que je connais, que ce soit dans ma vie ou meme sur j.i, en fait, je crois que j’aime trop les humains. C’est ça mon probleme. L’humain est par essence, un connard, l’être le plus pervers et narcissique du monde, mais je l’aime. J’aime sa capacité a reflechir, a s' attacher, a changer. Et j’ai peur d’etre obligé de subir une rupture drastique entre "les autres" et moi.

Et ce rêve, je le fais au moins une fois par semaine depuis 4 ans. Il revient toujours. Car il y a quelque chose que je n’ai pas encore reglé : ma culpabilité. Mon chat était comme ma petite soeur, elle etait la seule qui m’acceptait, qui me comprenait. Ma seule amie aussi. Certain vont se dire : c’etait qu’un chat ! Pas pour moi. Et je les emmerde ceux qui penseront ça ! J’ai de l’admiration pour ces animaux qui ont une discretion, une patience et un sens du pardon hors du commun.
Sa mort, il y a 4 ans, m’a bouleversé, j’ai assisté a sa mort, je l’ai attendu, je l’esperais, je le redoutais.
Mon chat a disparu pendant 3 jours, on faisait le tour du jardin et on a posé des affiches dans la ville. Mon père va le retrouver a moitié noyé dans le rû. A partir de ce moment, decadance.

Elle va rester environ 3 semaines, je ne sais plus, peut-etre 1 mois sans bouger, sans manger, sans boire, allongé sur une couverture. Le temps devait etre si long. Et moi, je n’ai rien fait. J’attendais quoi ? La mort.
J’attendais surement que la mort emporte son esprit. Je ne restais pas aupres d’elle. J’avais trop peur qu’elle meurt dans mes bras. Alors je passais mon temps dehors, a sortir avec des amis. En la laissant seule.
Quand je rentrais, je lui mettais un cd de jazz, en pensant que les animaux sont sensibles a la musique (parait-il)... et je me barrais. Je fuyais.

Une nuit, je me suis reveillée, et je suis sorti de ma chambre. Elle etait au pied de ma porte. Elle qui ne pouvait pas bouger une patte. Elle a monté les escaliers pour venir a ma porte. Elle est rentrée et je l’ai mise sur mon lit. A ce moment je m’effondre auprès d’elle, je savais qu’elle voulait me dire un dernier aurevoir.
Nous avons dormi ensemble, puis comme une abrutie je l’ai redescendu sur sa couverture.

Le lendemain, je rentre des cours de la fac a 18h, sur la route en rentrant de la gare, dans ma tête, je realise : "quand je rentre, je lui fais le plus gros des calins". Je rentre. Je vois ma mère secouer la couverture. Je regarde mes parents, je ne vois plus mon chat. Je comprends tout. Ils l’ont fait piqué. Je monte calmement dans ma chambre, et la je deverse en larme non pas la tristesse, mais le soulagement. Elle etait libre. Ca y est.
Libre. Pendant 1 mois on attendait tous ce moment, qu’elle arrete de souffrir et la, gros soulagement. Cette fois, on en est sur : elle va mieux.

Mais ce sentiment va vite se transformer en culpabilité. "Et si j’avais fais ça ? Pourquoi j’ai pas fais ça?". Et dans ce rêve qui me hante, je me vois toujours en train de la resusciter. Elle revit, et je dis a tout le monde "mais non, elle n’est pas morte ! Regarde!". Bon sujet d’analyse pour un psy. C’est surement bete.

J’avais deja connu la mort, mes 3 grands-parents sont morts aussi, mais dès le depart, on m’a caché ce que c’etait. Quand ma grand mere maternelle est morte, on m’a d’abord dit qu’elle etait partie faire un voyage dans un autre pays, j’etais petite, j’y ai cru pendant 2 ans, puis j’ai realisé seule que ce voyage etait la mort. Puis j’ai cherché des causes, on m’a dit que c’etait mort naturelle. Puis il y a 1 an, a un repas arrosé, j’ai appris que c’etait d’un cancer du sein qui s' etait generalisé. Alors on a toujours voulu me cacher ce qu’etait la mort, a croire que c’etait tabou.

Mais la, c’etait la premiere fois que j’attendais la mort chez moi.
Et apres des annees, j’ai compris que ça ne changeais rien. Sa disparition n’enlève pas mes sentiments, je l’aime et je sais qu’elle est près de moi.
Excuse moi d’avoir eu si peur.

Peut-etre que d’en avoir parlé me fera aller mieux par rapport a cette culpabilité que je ressens a chaque fois que j’y pense.